“Des fois y’a des gens qu’aimeraient qu’on raconte leur histoire, leur légende. Tu vois, genre qu’on fasse de leur vie un moment épique. Mais crois-moi, dire leur nom trois fois de suite pour en avoir un, c’est pas une bonne idée. Non ! Pute borgne... Je sais que t’es pas du coin, Van Alien, mais je te le répète, t’amuse pas à le dire une troisième fois. Te marre pas, je déconne pas ! Tu veux pas d’un de ces monstres avec toi, crétin ! MERDE ! T’es un débile ! No… Non ! Putain ! DERRIÈRE TOI !”
Bilon l’ermite, quelques instant avant que Van Alien le mutant soit frappé par la malédiction du Chroniqueur “Thierry Le Gentil”.

Là où naissent les légendes

Les Chroniqueurs ne sont pas tout à fait une faction, ni même un groupe à proprement parler. Même s’ils font montre de coordination, à la base ce serait quand même une genre de maladie.
Il y a de cela quelques temps, à Glaire, capitale du Royaume Marin de Plouf 1er, une navette antique flotta jusque dans le port. Ça devait faire des années que l’appareil flottait sur l’océan profond, et les premier Gardes Mouillés qui pénétrèrent à l'intérieur ne pensaient trouver que des artefacts anciens moisis et sans intérêt, mais ne s’attendaient pas du tout à ce qu’ils découvrirent. Au milieu d’un imbroglio d’algues, crustacés et coquillages, une forme semblait emmêlée au centre de la coque. Comme un être agenouillé du dos duquel deux énormes conques semblait émerger. Alors que le capitaine Patrick Adebol de la Garde Mouillée s’avançait vers la forme, une voix grave au ton épique commença à narrer les pensées et actes du capitaine. Le premier Chroniqueur était “né”, celui que l’on appelle Jon Yi.

Depuis ce jour, des centaines, peut-être des milliers d’entre eux apparaissent sur Éden, Édeniens comme bots, flanqués d’un outillage reconnaissable de loin entre mille : de leur dos sortent deux conques qui se courbent pour venir se poser sur chacune de leurs épaules, entourant leur visage, comme des cônes de vieux gramophones.

Apprendre à les connaître

Les Chroniqueurs peuvent être n’importe qui. Même des personnes que vous avez connu. Et nul ne sait comment ils sont infectés. Ce qui est certain, c’est qu’ils errent sur Éden à la recherche de leur nouvelle “victime”, une personne dont la vie serait suffisamment épique pour être narrée… En permanence.
Et ils ne s’arrêtent pas simplement à l’écriture et la retranscription des aventures de leur sujet. Nooooooon. Le Chroniqueur suit son sujet où qu’il aille, ne dort jamais, et fait sa chronique en direct, à haute voix amplifiée par les conques qui lui sortent du dos, pour que tout le monde puisse l’entendre clairement à des dizaines de mètres à la ronde, exprimant aussi bien ses actes que ses intentions et ses pensées profondes. Nul besoin de préciser pourquoi cela fait de la vie de la pauvre victime une torture permanente.

Quand un Chroniqueur arrive quelque part, il est donc compréhensible que la réaction typique soit que tout le monde cesse ses activités et se fige le temps qu’il s’en aille pour éviter de s’attirer la malédiction.

Et c'est pas tout. Non seulement la victime entend sa chronique en permanence, mais celle-ci est aussi contée par d'autres Chroniqueurs "non-affectés" à travers Éden ! On ne sais pas comment les Chroniqueurs communiquent entre eux, parfois sur des distances dantesques, mais c'est un fait... Et un fait qui peut poser souci lorsque le pauvre cherche à échapper à ses ennemis en faisant profil bas, mais qu'il suffit à ceux-ci de prêter l'oreille de loin à un Chroniqueur du coin pour connaître ses plans et sa position globale.
Bon bien sûr, c'est toujours au risque de se retrouver soi-même avec une de ces saloperies au cul, mais il faut croire que ça ne décourage pas certains.

Les Chroniqueurs affichent tous un regard halluciné et des yeux bleus passés comme ceux des aveugles – même les bots - et se déplace à une vitesse quasi-surnaturelle. Mais le plus odieux, c’est qu’ils semblent ne pas pouvoir mourir. Mettez un Chroniqueur en morceaux, il reviendra dès les premières lueurs du jour suivant. Tentez de le semer, de le faire partir par la ruse, de l’enfermer, ou quoi que ce soit d’autre, il parviendra toujours à revenir vous hanter dès le lendemain. Et soyez sûr que nombreux seront ceux qui n’oseront plus vous adresser la parole de peur que votre malédiction soit contagieuse.

Répulsifs et autres saloperies

Il existe d’autres méthodes un peu plus efficaces pour éloigner temporairement le souffle du Chroniqueur qui vous caresse habituellement la nuque et les tympans. Elles ne sont pas parfaites mais permettent d’avoir un peu plus de répit.

L’alcool de pute, distillé à Bougeraque dans le district des Voleux, ainsi qu’à Putia, la cité des MST… plaisirs, semble éloigner le Chroniqueur pendant une durée variable (1d6 jours). Personne de veut savoir comment est distillée cette merde, mais c’est clairement un alcool inadapté pour les fillettes, si bien qu’en consommer requiert un test de Résistance (Viandus) ou de Solidité (Bots) SR8 pour ne pas passer le temps que durera la trêve dans un coma profond.

Les Médaillons Noiiiiiiiiirs (toujours mentionnés avec une voix inquiétante et insistante pour augmenter leur pouvoir), sont d’étranges objets en forme de pointe de flèche, noirs, lisse comme du verre bien poli et parfois parcourus de lueurs bleutées. Ce sont des objets extrêmement rares, et beaucoup de seigneurs de guerre, boss, nobles, etc. les recherchent. On les appels médaillons, mais certains de leurs possesseurs les portes en bague, collier, diadème, cockring...
La seule chose sur que l’on sache sur ces objets c’est qu’ils permettent d’éviter certaines “maladies” telles les Chroniqueurs ou le rhume. Mais ils donnent également des cauchemars et des visions horribles, même pour les bots. En plus, concernant les Chroniqueurs, la protection n’est pas parfaite car ceux-ci réapparaissent de temps à autre malgré tout, bien que ce ne soit jamais pour bien longtemps.

Parfois le Chroniqueurs se désintéresse simplement de son sujet. Certains aimeraient vraiment connaître la recette d'une telle bénédiction, mais pour le moment, la seule dont on soit parfaitement certain, c'est de sombrer dans la folie la plus furieuse et de devenir Chro-niqué (voir plus loin dans ce chapitre). Pas franchement un sort enviable, si tu veux mon avis.

Il existerait pourtant un moyen rituel assez radical de se débarrasser volontairement d’un chroniqueur ou de guérir celui-ci de son propre état, mais très peu ont eu vent de cette méthode et encore moins encore la conseilleraient.
Aux confins du désert Gris-Bleu, au pied des “Montagnes Qui Piquent”, reposerait le tombeau de Jon Yi, et là, seulement là, la malédiction pourrait être levée, dit-on, mais les périls pour l’atteindre sont tellement grands qu’il semble que nul ne soit jamais revenu pour valider ou invalider cette théorie.

Les victimes chro-niquées:

Viandus comme bots, les chro-niqués sont d’anciens maudits rendus fous à lier par un chroniqueur, a tel point que ce dernier a considéré sa chronique terminée et s’est détaché de son sujet comme si celui-ci était mort, ce qui, d’un certain point de vue, est tout à fait pertinent. Violents à l’extrême, sans instinct de préservation, ils ne sont que pure rage. Si vous voyez un ou plusieurs types à moitié à poil affichant un air complètement halluciné, c’est soit un adepte de La Branchée en descente de Thonche, soit un Chro-niqué. Quoi qu’il en soit, mieux vaut ne pas traîner dans le coin.