La vie au Goredor
L’agriculture et la bouffe
Question végétation la région paraît riche, mais pour autant, la
plupart des végétaux endémiques sont aussi consommables qu’un bol de
cyanure coupé à la soude caustique. Entre les fruits explosifs, les
céréales urticantes, les légumes carnivores (oui oui… des légumes qui
mangent les gens qui mangent des légumes), le maraîchage et la culture
céréalière ne sont pas le meilleur plan de carrière, tant sur le plan
économique que sanitaire.
Alors bien sûr, les Gores ont pensé à tenter de cultiver des semis
exotiques, mais à part quelques nouvelles variétés de lentilles ou de
vignes, rien d’importé ne veut pousser sur ce foutu sol et à cette
foutue altitude.
Si, il y a bien un autre truc qui marche pas mal, c’est le miel. S’il y a
bien une manière de consommer les fleurs estivales de la région, c’est
en les faisant passer entre les pinces expertes des crabeilles, un
insecte pollinisateur du coin qui, à l’état naturel, bâtit des ruches
dans le sable qui borde çà et là les cours d’eau du coin, et que les
Gores ont appris à élever. En revanche, si leur miel est nourrissant, il
a aussi un effet particulièrement psychotrope, voire franchement
hallucinogène pour les non-initiés. Sans parler de l’accoutumance
qu’engendre le cramiel nommé ainsi tant en référence à ses cultivatrices
qu’à ses effets.
En termes de bétail, c’est un poil mieux. Quoique…
En Goredor, le choix des bestiaux est limité à du rustique : cochonaille
pour la barbaque, et biquettes pour le frometon. Et encore, si les
biquettes sont assez alertes et agiles pour pouvoir éviter les
prédateurs venus du ciel (les corbombes, notamment), les porcs doivent
absolument être élevés sous toiture, faute de quoi le reste de la faune
locale se chargera inexorablement de leur faire passer le goût du plein
air. Du coup, les exploitants Gores profitent de la spécialité
métallurgique de la région pour construire autour des villes de
gigantesques fermes couvertes par des persiennes horizontales en
ferraille qu’ils peuvent refermer en moins de temps qu’il n’en faut pour
dire aïe, et qui leur permettent de tenir leurs troupeaux relativement à
l’abri des soucis aériens typiques du coin tout en laissant percer les
rayons des soleils.
En dehors de tout ça, c’est à peu de choses près le néant côté agriculture.
En somme, question variété d’alimentation, on est très loin du compte,
vu que le régime des Goredorien consiste principalement à accompagner
une grosse pièce de porc aux lentilles de pinard et de clacos avant de
(se) finir avec une grande cuillère de miel hallucinogène.
Autant dire qu’après un repas typique, il vaut mieux ne rien avoir
besoin de demander à un Goredorien pendant les 2 heures qui suivent. La
digestion, vous voyez…
Ce régime est d’ailleurs à l’origine d’une autre légende : les ogres seraient anthropophages. Bon, on ne dit pas qu’un ou deux d’entre eux n’ont jamais essayé, mais c’est sans doute arrivé moins souvent que chez n’importe quelle bande de pillards. Le souci, c’est surtout qu’avec leur régime ultra-protéiné et leurs douceurs au cramiel, les Gores paraissent voraces et fous à lier, si bien que certains doute de l’origine porcine de la viande qu’ils consomment en grande quantités. Ajoutez à cela les invitations insistantes des Goredoriens trop conviviaux à partager leur repas avec les gens qu’ils rencontrent et les hallus desdits individus au moment du dessert, entourés d’une cohorte de gonz tout verts portant crânes et gri-gris divers... Vous avez toujours du mal à comprendre que ça puisse provoquer une vision d’apocalypse ?
Les environnements
Les mines
Comme les Gores n’ont pas grand-chose d’autre à troquer avec les
extérieurs, et que ces échanges sont particulièrement importants pour
leur survie dans ces montagnes, les mines encore actives sont fermement
contrôlées par des contremaîtres zélés assistés de gardes à la gâchette
légère qui contrôlent toutes les allées et venues afin d’éviter qu’une
bande de pillards à la petite semaine ne décide de leur piquer leur
beurre. Toujours prévenants, les Goredoriens n’oublient jamais de
laisser les carcasses des importuns au grand jour dans les environs pour
avertir les éventuels passants qu’ils s’aventurent trop près d’un canon
chargé.
Les mines désaffectées, n’affichent pas moins de squelettes à leur
approche, mais ceux-ci sont plutôt l’oeuvre des pillards de la région
qui auront fait de ces galeries leur repère. Les abords de ces mines
ressemblent à s’y méprendre à des casses automobiles à ciel ouvert,
tandis qu’à l’intérieur on découvre véritables villes troglodytes
remplies de pillards, entre dédales de galeries et grandes salles
caverneuses.
Les routes
Faut avouer, les routes du Goredor ne sont pas ce qu’il y a de plus sûr.
Oh bien entendu, les arpenter n’est pas aussi dangereux que de se
risquer dans les dunes du désert gris-bleu, mais on a quand même vite
fait de tomber sur un os qui rendra le voyage désagréable.
A part les traditionnelles rencontres avec les bandes de pillards, les
routes parfois étroites et escarpées du Goredor peuvent être le théâtre
de croisements plutôt tendus avec les pilotes cramés de la région qui
écument les routes à toute berzingue pour l’un des nombreux rallyes de
la région, ou simplement pour le plaisir.
Dans les parties plus vallonnées et champêtres, il est également
possible de faire la désagréable rencontre d’une bande de corbombes,
d’un essaim de Brelons en chasse, ou d’autres créatures indigènes non
moins pacifistes.
Dans les zones plus rocheuses et minières, le risque de tomber sur des
pillards augmente, mais s’accompagne aussi du risque, pour ceux qui
connaissent mal ces routes, de passer près d’une concession minière
contrôlée. Et là, à moins de posséder un sauf-conduit ou de graisser
bien correctement la patte des gardes, le risque de passer un sale quart
d’heure se fait pour le moins important.
Les villes
Contrairement aux routes, les villes et villages du Goredor sont des lieux plutôt accueillants, même si architecturalement parlant on est pas sur du franchement élaboré. De ville en ville, voire même de baraque en baraque, on alterne entre maisons de tôle construites à l’arrache et bâtiments en caillasse ou en béton esprit “bunker sorti de terre“, le tout entassé aussi serré que possible à cause des reliefs qui limitent souvent la zone constructible. Les rues sombres sont étroites, souvent pas bien entretenues, et olfactivement pas franchement fraîcheur printanière, surtout avec les cheminées à charbon qui dégagent en permanence une fumée sombre et épaisse qui rend l’air quasi irrespirable et fait obstacle à la lumière des soleils. Question visuel, ça ferait vomir un pula, et question odeur, c’est pas plus réjouissant.
Pour ce qui est de l’ambiance, en revanche, c’est bien plus sympa ! La populace est festive, et l’amour démesuré des goredoriens pour le picrate et la charcutaille rend l’ambiance facilement conviviale. Alors bien sûr, avec tout cet alcool, les bastons sont légion, et il y a de temps en temps des drames, mais tout le monde monde s’accorde à penser que ça fait partie de l’animation.
Autant vous dire qu’au Goredor, le Pochtron est une divinité bien révérée. De manière étonnante, cependant, le Caillou y trouve aussi quelques adeptes, sûrement en réaction aux excès de la majorité des autochtones.
Le bestiaire (la faune)
Les corbombes
Ces oiseaux d’une grande intelligence ressemblent à des corbeaux de l’envergure d’un grand vautour, pourvus de pattes musculeuses dont les doigts agiles se terminent par de longues griffes acérées.
Carnivores et rusés, les ancêtres des Corbombes jouaient plutôt les charognards avant le grand pinage. Aujourd’hui, ils utilisent les nouveaux outils que les mutations de la nature ont mis à leur disposition pour créer eux-mêmes les charognes dont ils vont se nourrir. Volant par petits groupes, leur spécialité consiste à cueillir des bombes de pin et à les larguer sur leurs proies façon escadrille de bombardiers pour se payer un bon barbecue quelques minutes plus tard.
Non seulement, les corbombes empêchent les Goredoriens de pratiquer l’élevage de bestiaux à ciel ouvert, mais en plus, ils les obligent à rester prudent en se baladant hors des villes car ces sales piafs n’hésitent pas plus à s’attaquer à un boeuf qu’à une petite équipe de viandus dans la fleur de l’âge. Même un petit groupe de bots peut se voir pris pour cible par des corbombes, car ceux-ci les démantèlent pour consolider leurs nids.
Les brelons
L’un des ravageurs des champs, le chancre de l’agriculteur Gore, qui tue les cultures, les crabeilles, et parfois même le bétail ! Le Brelon est un insecte volant grégaire, cousin de la crabeille et partageant avec elle de nombreux traits à deux-trois différences notables près : l’absence de pinces, avantageusement compensée par un dard digne d’une rapière, et corps trapu d’une taille qui ficherait des complexes à un gros criquet adepte de la muscu. Sans parler du venin qui foutrait n’importe quel viandu à plat plusieurs jours, faute de premiers soins corrects… Les bots sont un peu plus épargnés par le venin, mais les impacts que font les brelons lancés à pleine vitesse sur leur carlingue peuvent finir par les mettre hors service s’ils n’y prennent pas garde.
Leur nom leur vient du vrombissement caractéristique qu’ils
produisent en volant. Un seul individu fait un bruit de mobylette
vintage perceptible à plusieurs dizaines de mètres. Imaginez le
capharnaüm qu’engendre un essaim entier arrivant dans un champ avec
l’idée de tout becqueter...
La simple éventualité de rencontrer ce genre de bestioles dans la nature
explique la propension immodérée des agriculteurs Gores à se pourvoir
d’une puissance de feu dantesque. La plupart des champs de lentilles et
des fermes à bétail sont même équipés de tourelles –manuelles pour la
majorité d’entre elles, mais parfois automatiques chez les plus riches
exploitants – ou à tout le moins de miradors flanqués de gardes à
l'affût d’essaims sauvages. Quoi qu’on pense de la méthode, à la fin de
la journée, une pluie de balles perdues aura fait moins de dommages
collatéraux qu’un colonie de ces saloperies jetant son dévolu sur une
exploitation.
Rencontres aléatoires en Goredor
Lorsque vous arpentez les Terres Désolées du Goredor, jetez un D10 :
- 1 : Un essaim de brelons qui peut contenir entre 50 et 200 individus. Tous aux abris.
- 2 : Un vol de corbombes affamés qui décident que vous feriez un menu au poil.
- 3 - 5 : Un groupe de pillards gores qui vous tombent sur la couenne.
- 6 : Une zone sauvage craignos où la végétation ne vous veut pas du bien (liserons constrictors, légumes anthropophages…)
- 7 - 8 : Un rallye d’ogres tarés et qui font bien peu cas de votre présence sur la route.
- 9 - 10 : Vous croisez une zone minière contrôlée par des pillards (sur 9) ou un contremaître zélé (sur 10). Avec un peu d’astuce ça pourrait bien se passer… Mais bon.